Opinion 1

Nous voici à la fin des vacances, glorieux moment où nous, les parents, commençons dans un état d’effervescence angoissée à préparer les achats de ces fournitures si chères à nos bambins, pour autant qu’une liste nous ait été fournie à l'avance. 
De notre côté, nous avons décidé non seulement de ne pas faire de pause sinon plutôt d'intensifier nos activités et de nous concentrer sur un type d'analyse comportementale qui englobe le domaine du design et de la créativité humaine qui nous intéresse, à savoir le marché de l’audio Hi-Fi / High End. Ce n’est un secret pour personne que ce marché est marqué par l’éternel conflit, avouons-le naïvement illusoire, entre la quête incessante de la perfection, alimentée par une névrose obsessionnelle de la plupart des concepteurs, et le pragmatisme conservateur basé sur la logique que le mieux est l'ennemi du bon ; donc, si quelque chose fonctionne, fonctionne bien et, qui plus est, trouve de nouveaux acheteurs, le cycle de vie du produit en question n’a aucune raison d’être altéré. Question de bon sens ! 
Cependant, il s'avère qu'il est possible de combiner les deux façons d’appréhender la question en les fusionnant en une entité cohérente, conciliant ainsi les deux opposés en se situant au centre même du yin et du yang. Il suffit de remplacer la révolution par l'évolution dans le processus créatif et, au lieu d'une politique de changements radicaux ou de jeter l’eau du bain avec le bébé auquel nous avons donné le bain et d’opter en revanche pour une méthodologie de petits pas. Et c’est précisément sur ce cas clinique que nous allons nous pencher dans notre revue d'aujourd'hui. Pour éviter que ces considérations ne se limitent à une simple dissertation théorique/technique et académique, nous nous permettons une petite rétrospection en nous référant au même combo précédemment testé.

​

Nous parlons de l’ensemble préamplificateur/étage de puissance XP5 & XP-A1500, qui se distinguait par ses boîtiers d’une couleur orange frappante, dont le test a été réalisé il y a un an et demi. Entre-temps, le fabricant a soumis ses composants à un léger lifting, comme en témoigne l'incorporation de la désignation MKII dans leurs noms. Ainsi, en gardant à l’espri certaines de nos impressions antérieures et en disposant d'une documentation abondante sous forme de nos observations préalables, absolument subjectives, avec le distributeur de la marque à Chełmża – Quality Audio, nous avons jugé opportun d’examiner quelles nouveautés apparaissent sur la scène néerlandaise (quelle expression amusante !) et comment ces observations s’intègrent dans le récit de la combinaison du feu et de l’eau. C’est ainsi que le duo Extraudio XP5 MKII & XP-A1500 MKII, sentant bon l’odeur  d'usine, est arrivé sur notre table de travail.

En ce qui concerne les aspects, appelons-les visuels, mis à part le changement évident de la couleur frappante du design de l’orange à l’argent, au nickel et au cuivre satiné, on peut affirmer sans problème qu’absolument rien n’a changé. Un œil attentif remarquera également que le fabricant n’a pas beaucoup mis en avant l’apparition de la nouvelle version des appareils, car même les inscriptions visibles sur les bords supérieurs des façades en aluminium massif sont restées inchangées depuis les premières versions. En résumé, tout est pareil. Du moins à première vue.

​

Ici, nous avons retiré la partie qui décrit l’agencement des appareils vu que, de ce côté-là, rien n’a changé. 

​

Sur le plan technique, par rapport à son prédécesseur, le XP5 MKII affiche 21 améliorations, notamment une meilleure impédance d'entrée, une optimisation de la topologie des circuits, une capacité de filtrage accrue dans l'alimentation, des trajets de signal racourcis, une augmentation du nombre de paliers de réglage du volume de 63 à 128 et, grâce à des modifications logicielles, une extension de la durée de vie de la batterie de la télécommande de deux à neuf mois. Bien sûr, les caractéristiques clé et fondamentales inscrites dans l'ADN du préamplificateur restent inchangées : nous avons toujours des entrées connectées par des relais dédiés à un seul étage de préamplification à lampes (avec une triode 6922 par canal) fonctionnant en classe A pure.

Quant au XP-A1500 MKII, il repose sur deux modules de puissance monophoniques entièrement séparés de 1500W (8Ω) — des modules EPAM avec un courant maximal allant jusqu’à 90A, des entrées RCA et XLR et des buffers d'entrée à transistors BJT opérant en classe A.

Eh bien, puisque les prédécesseurs du duo en question sonnaient déjà, pour me citer moi-même, "étonnamment doux, calme et dense – sans aucun signe de nervosité latente ou une tendance inutile à exhiber une musculature hollywoodienne d’artistes disposés à entrer en scène en silence", je me demandais dans quelle direction les créateurs avaient orienté les modèles MKII. Vers une douceur et une plasticité plus poussée ou alors en mettant davantage l’accent sur la résolution et la précision ? 
Intrigant, tout cela ! Et ben ! Après quelques mesures du rugueux : "Down the Rabbit Hole" de Citizen Soldier, il est devenu clair que... les deux. Comment est-ce possible ? Je répondrai de manière paradoxale : de façon normale et logique. Bien que ce soit contradictoire, mais logique tout de même pour celui qui écoute. 

En séparant le duo en composants individuels, le préamplificateur peut se vanter d’une précision, d’une résolution et, surtout, d’une brillance impressionnante dans les registres hauts, cristallins, tandis que l'étage de puissance accentue la sensation de douceur captivante, sans pour autant devenir mielleux. Le résultat ? Comme je l'ai résumé de manière assez concise plus haut, les nouvelles versions d'Extraudio n'offrent pas seulement plus de nuances, mais présentent aussi tout sous une forme plus enthousiaste et attrayante. Cela signifie-t-il qu'elles en font trop en jouant d’un charme surfait ? Offrant une image du monde non seulement en tons pastel, mais également en proposant des cocktails subtilement épicés au Prozac ? Pas tout à fait. Le duo met simplement en avant la mélodie, l’art de la composition et les émotions latentes dans chaque pièce, sans se limiter à une analyse froide et analytique dépourvue de l’humanité derrière chaque note.
Par conséquent, ils représentent une approche plus passionnante et mélomane que foncièrement audiophile. Et malgré le fait que le sujet soit le même dans les deux cas, notre perception dépend de la perspective depuis laquelle nous l'observons.

Par exemple, "Forever Damned" est dense, sombre, presque suffocant, mais cette atmosphère lugubre apporte avec elle une charge d’énergie puissante et une richesse surprenante de détails. Ici, rien ne se mélange, rien ne se cache derrière d’autres éléments, et c’est à l’auditeur de décider jusqu’à quel point il souhaite plonger dans ces abîmes troublants. En revanche, dans le contemplatif et minimaliste "Le premier cri" d’Armand Amar, le duo néerlandais construit une scène étonnamment éthérée avec tant d’air qu’il semble y avoir des lampes non seulement dans le préamplificateur, mais aussi dans l’amplificateur de puissance qui, au lieu d’offrir un impressionnant 1,5 kW, semble se limiter à quelques watts qu’il est impossible d’imaginer qu’ils soient issus d’une amplification en la classe D sinon d’une triode raffinée de style 2A3 ou 300B. Vous avez dit Magie ! Pas nécessairement, plutôt une application consciente et habile de technologies qui ne sont pas une fin en soi, mais un moyen pour atteindre un but déterminé.

Écoutez la voix de Sinéad O’Connor dans "A New Born Child" ou celle de Sandrine Piau dans "Le premier cri", où des techniques de chant et d’articulation diamétralement opposées sont utilisées, sans parler du timbre et de la texture. Cependant, malgré les différences évidentes, on perçoit aussi la logique de leur proximité et de leur cohérence thématique.

Dans l’ensemble, ma perception du duo néerlandais m’invite à la réflexion et à la contemplation. Ce n’est donc pas une surprise  que je me sois tourné en sa compagnie vers des œuvres qui, bien que peut-être pas d’une concision structurelle, comme le classique "In The Court Of The Crimson King" de King Crimson avec son magique et saisissant "Epitaph", faisant étalage d’un certain romantisme, plutôt que m’orienter vers mes extrêmes habituels (voir "Sweet Evil Sun" de Candlemass ou "Call The Devil" de Mushroomhead). Cela ne signifie aucunement une incapacité ou une difficulté du duo à transmettre le potentiel destructeur de rugissements menaçants, de riffs infernalement ardents et d’éclats extatiques, mais plutôt la présence d’une certaine signature qui rendait ces airs sulfureux, à ma grande surprise, moins attrayants comparé au plaisir que m’offrait l’ensemble dans l’écoute de genres musicaux au côté des quels j’avais plutôt toujours préféré passer mon chemin. Bien sûr, si je devais vivre avec ce son au quotidien, cela ne me poserait aucun problème. Cependant, habitué à une plus grande rudesse et âpreté, j’ai préféré profiter du temps passé avec le duo Extraudio pour m’adonner à des formes d’expression artistique moins dévastatrices pour mes oreilles et mes nerfs. 
Rien de plus, et rien de moins.

À qui recommanderait-on en premier lieu l’Extraudio XP5 MKII & XP-A1500 MKII ? Eh bien, la vérité est qu’il me serait plus facile de désigner ceux qui pourraient en être exclus, c’est-à-dire de mon point de vue, les amateurs d’une analyticité excessive ou une froideur digne d’une morgue, car même le préamplificateur seul, connecté à des enceintes actives ou à des amplificateurs de puissance avec une présentation froide, pourrait leur paraître trop propre ou doux.

Par conséquent, au lieu de m'étendre en théories, si vous disposez d’environ 200 000 PLN (avec un petit supplément) et que vous êtes tenté de changer votre amplification actuelle, je vous recommande vivement d’essayer ces délices néerlandais dans le confort de votre maison. Je ne sais pas s’ils correspondront à vos goûts, mais une chose est certaine : vous ne devriez pas vous plaindre du manque de raffinement ni d’une puissance discrètement délivrée et pratiquement illimitée.
 

 

Marcin Olszewski

​

​

Matériel  utilisé pour ce test :
– CD/DAC: Ayon CD-35 (Preamp + Signature) + Finite Elemente Cerabase  compact.
– Network player: Lumin U2 Mini + Omicron Magic Dream Classic + I-O Data                                Soundgenic HDL-RA4TB.

– Digital source selector: Audio Authority 1177.
– Turntable: Kuzma Stabi S + Kuzma Stogi + Dynavector DV-10X5.
– Phonostage: Tellurium Q Iridium MM/MC Phono Pre Amp.
– Power amplifier: Bryston 4B³ + Graphite Audio IC-35 Isolation Cones.
– Loudspeakers: Dynaudio Contour 30 + Brass Spike Receptacle Acoustic Revive                    SPU-8+ Base.  Audio Quartz platforms.
– IC RCA : Tellurium Q Silver Diamond.
– IC RCA :Organic Audio; Vermöuth Audio Reference; Acrolink 7N-A2070                                    Leggenda.
– Digital IC: Fadel art DigiLitz; Harmonic Technology Cyberlink Copper; Apogee Wyde            Eye; Monster Cable Interlink LightSpeed 200.
– USB cables: Wireworld Starlight; Goldenote Firenze Silver; Fidata HFU2; Vermöuth                Audio Reference.
– Speaker cables: Signal Projects Hydra; Vermöuth Audio Reference                                            Loudspeaker Cable + SHUBI Custom Acoustic Stands MMS-1.

– Power cables: Furutech FP-3TS762 / FI-28R / FI-E38R; Organic Audio Power  Furutech     CF-080 Damping Ring; Acoustic Zen Gargantua II; Furutech Nanoflux Power NCF.

– Power distribution board: Furutech e-TP60ER + Furutech FP-3TS762 /

    Fi-50 NCF(R) /FINCF(R).
– 50M– Wall power socket: Furutech FT-SWS(R).
– Anti-vibration platform: Franc Audio Accessories Wood Block Slim Platform.
– Switch: Silent Angel Bonn N8 + Silent Angel S28 + Silent Angel Forester F1 + Luna               Cables Gris DC.
– Ethernet cables: Neyton CAT7+; Audiomica Anort Consequence + Artoc Ultra                          Reference + Arago Excellence; Furutech LAN-8 NCF.

– Table: Solid Tech Radius Duo 3.
– Acoustic panels: Vicoustic Flat Panels VMT

 

​

Prix
Extraudio XP5 : 117 000 PLN
Extraudio XP-A1500 : 105 000 PLN

 

Specifications
Extraudio XP5
Imputs: 4 pairs RCA, pair XLR, pair RCA & XLR Processor
Outputs: pair RCA; pair XLR
Valves: 2 x 6922
Frequency Response: 10Hz – >250kHz +0dB;1Hz +0db – 1MHz -1dB
Maximun Volts input: 20V rms (XLR)/ 10V rms (RCA)
Maximun Volts Out:16V rms (XLR)/ 8V rms(RCA)
Total Harmonic Distortion:0.0027%
Signal To Noise Ratio:> -102dB
Dynamic range:> -102dB
Gain: 16db (XLR)/ 8db (RCA)
Input Impedance: 120kΩ (XLR)/ 60kΩ (RCA)
Power consuption: 20W; 0,5W standby
Dimensions (W x H x D): 44 x 12 x 40 cm
Weight: 18 kg

​

Extraudio XP-A1500
Inputs: pair RCA, pair XLR
Frequency response: 2Hz – 110kHz +0dB
Noise Floor: -160dB
Dynamic range: > 120dBA
THD+N (1kHz @ 1W): 0.003 %
Peak output current: 2 x 90A
Voltage Gain: 28dB
Damping Factor: >1000 (8 Ω, 1 kHz)
Ultra Output Power: 2 x 2400W @ 4Ω / 2 x 1500W @ 8Ω
Impedancja wejściowa: 7k2 Ω (XLR) / RCA SE 3K6 Ω (RCA)
Power consuption: 19W idle; 0.5W standby
Dimensions (W x H x D): 44 x 12 x 40 cm
Weight: 18 kg